Instantanés de l’année

Kaléïdoscope de l’année écoulée

Images, couleurs, sensations, sons, qui ont retenu mon attention cette année.

Jaune:

La couleur jaune, omniprésente ce dernier mois. Le jaune ‘gilet jaune’,  la vague de jaune, qui a déferlé sur la France, avec ses colères légitimes, et ses excès de violence, illégitimes aussi.

Rouge:

Au secours ma planète ! Tous les voyants sont au rouge, et nous dansons au bord du volcan. Atmosphère de fin du monde. Bruits de bottes un peu partout sur le globe, avec ces extrêmistes, qui arrivent au pouvoir ci et là, qui nous font revenir en arrière, et met en danger la paix, qui est déjà bien fragile.

Bleu:

L »océan se meurt du plastique, les mamiphères marins aussi, et nous aussi bientôt en bout de chaîne avec les micro particules de plastique, que nous finissons par ingérer.

Blanc:

Comme l’air du temps. Ce temps qui passe, et qui nous dépasse. Cinquante ans pour moi cette année. Un tournant dans une vie. Savoir qu’on entre dans la troisième page de sa vie, que le temps passe, et qu’il faut manifester ce qui doit l’être.

Vert:

La nature, malgré la pollution, la nature avec sa saisonnalité, sa faune, ses couleurs, ses odeurs, ses clameurs, ses douceurs, sa rudesse aussi est une consolation toute l’année. Un plaisir des yeux, des sens, du corps. Juste de se sentir vivante parmi d’autres êtres vivants.

Vert comme un arbre:

Un être vivant parmi d’autres. Comme les arbres, dont on a découvert l’intercommunication entre eux. L’intelligence des arbres.

Voir le livre La vie secrète des arbres, Paul Wohlleben, 2017, Et le film documentaire, L’intelligence des arbres.

 

 

 

 

 

 

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Petit matin d’hiver

Petit matin d’hiver, petit matin doux et sans neige, sans froid et sans glagla, sans la lumière, et sans le bleu ciel des jours d’hiver enneigés.

Un jour avant noël, un jour gris, et sans reliefs, un jour-matière qui ne demande qu’à prendre forme.

Un jour à l’anormale douceur, un jour qui dit le ‘changement climatique’, un jour qui pourrait aussi bien être un jour d’automne ou du printemps.

Un jour un peu triste, mais calme, propice à la méditation, à l’introspection, ou à la création.

Un jour un peu vide, qui ne demande qu’à se remplir. De mots, d’images, de sons, d’émotions.

Un jour d’ennui peut-être, un jour sans programme, sans liste de choses à faire, de gens à voir, de buts à atteindre.

Un jour qui a le temps, qui donne du temps, qui ne compte pas son temps.

Un jour bilan peut-être, pour regarder derrière, pour mieux aller en avant. Un des derniers jours de l’année 2018, riche en couleurs, en émotions, en début de réalisations.

Un jour un peu mélancolique, comme cette lumière du ciel un peu fadasse, un ciel, qui ne donne pas envie de chausser ses bottes et d’aller marcher, un ciel, qui invite au cocooning, au repli sur soi, ou à l’expression de soi à travers les mots, les couleurs, les sons.

Un jour au ciel levant, un jour à la lumière changeante, un jour contrasté, un jour au ciel bien blanc, où viennent maintenant se découper en ombres chinoises les arbres nus.

Un jour d’ennui, mais de cet ennui, riche en possibilités, de cet ennui qui pousse à faire lever en soi les petites graines de la création.

Un jour invitation, un jour appel, un jour levain, un jour semence, un jour pouvoir, un jour action pour soi, un jour pour soi.

Pas si mal finalement pour un matin d’hiver un peu tristoune.

 

 

 

Se nourrir de rêves

Vous êtes vous déjà demandé ce qui était moteur en vous, ce qui vous faisait vibrer, ce qui vous faisait vous lever le matin, ce qui vous faisait briller les yeux ? L’amour, sans doute, mais tout le monde n’a pas de grand amour avec qui partager sa vie.

Je me suis donc posée cette question, au regard des années accomplies, et des années à venir, et je crois bien que chez moi, au-delà de l’amour de la vie en général, ce qui me fait me lever le matin le sourire aux lèvres, et l’envie d’entreprendre, quoique ce soit, de petites ou de grandes choses, ce qui est moteur en moi, c’est le rêve, l’inaccessible quête, comme chantait Jacques Brel. Et qu’importe si celui-ci est un peu éloigné, est inaccessible, le chemin que j’aurais pris pour m’en approcher m’aura bougé, m’aura nourri, m’aura fait accomplir ces quelques pas en avant, m’aura fait acquérir de nouvelles compétences, m’aura fait rencontré de nouvelles personnes. Et qu’importe si ce premier rêve s’évanouit, il est vite remplacé par un autre, peut-être un peu plus accessible, peut-être un peu moins fantasmé, peut-être un peu plus à ma portée.

Comme si je nourrissais toujours l’enfant en moi, et que cette petite fille en moi avait besoin de cette nourriture-rêves ou objectifs à atteindre-pour s’épanouir, pour faire que la vie vaille la peine d’être vécue. Et plus, l’on me dit: Non, ce n’est pas pour toi !, plus la petite enfant têtue en moi se dit: Et pourquoi pas ? Je peux essayer. Cela ne me tuera pas d’essayer. Et qu’importe si le temps passe, et que ce rêve est en effet inaccessible, cela ne m’aura pas empêché d’avoir vécu cette expérience, d’avoir tenté ma chance. Pas besoin de grands résultats. Juste la joie de l’accomplissement de ce rêve, le plus loin où j’aurais pu le porter. Et cela jusqu’à mon dernier souffle, en tout cas, je l’espère.

Une amoureuse de la vie en quelque sorte.

 

Demain, le film

Demain, le documentaire de Mélanie Laurent et Cyril Dion, sorti en 2015 est un formidable ‘booster’ d’envies.

Face au constat dramatique de l’état de la planète qui est dressé au début du film- une étude annoncerait la fin d’une partie de l’humanité d’ici 2100-ils ont pris le contre-pied du documentaire sur l’écologie souvent alarmant, et ont décidé de s’intéresser aux initiatives positives déjà existantes en Europe et dans le monde,  aux solutions ou expérimentations porteuses d’avenir, qui ne demandent qu’à être répliquées ailleurs. Ils sont donc partis avec leur équipe dans une dizaine de pays pour aller à la rencontre de pionniers de l’écologie, de l’éducation, de l’économie, de l’énergie, et de la démocratie, qui montrent de par leur action dans le monde aujourd’hui comment on peut rêver le monde demain, si ces initiatives positives étaient adoptées par l’ensemble de la planète.

Parmi ces pionniers, on peut trouver Emmanuel Druon, le patron de Pocheco dans le Nord-Pas de calais en France, qui montre par l’exemple qu’on peut faire des économies en produisant de manière écologique, mais aussi Jan Gehl, l’urbaniste-architecte danois, qui est l’instigateur de la ‘Copenhagisation des villes’, ou comment rendre les villes aux vélos, et à leurs habitants.  On y croise aussi Charles et Perrine Hervé Gruyer pour la permaculture dans leur ferme maraîchère de Normandie, les économistes Bernard Lietaer pour les monnaies complémentaires ou Michelle Long aux USA pour le réseau ‘Balle’, épicentre de nouveaux modèles économiques.  On peut aussi voir une école très novatrice pour les enfants en Finlande, où l’on les prépare à la vie en adaptant les méthodes aux enfants dans un esprit non compétitif, on y croise aussi Pierre Rabhi pour l’agro écologie, mais aussi Robert Reed, porte-parole de la coopérative Recology, qui met en oeuvre la démarche ‘zéro déchet’ à San Francisco, ainsi que de nombreuses expériences citoyennes et participatives, que ce soit à Detroit, aux USA avec le mouvement d’agriculture urbaine, le mouvement des Incroyables comestibles à Todmorden au Royaume Uni, où l’on plante des légumes un peu partout en ville, créant du lien social entre les habitants, ou l’équipe du Bristol Pound à Bristol, une monnaie locale de la ville qui donne du sens à ceux qui la partagent, ou la démocratie participative dans une petite ville de l’Inde, et plein d’autres initiatives, que je n’ai pas toutes citées. Expériences à petite ou grande échelle qui montrent le chemin, ce vers quoi l’on peut tendre.

Face aux nouveaux défis qui nous attendent, il est bon de voir que certains déjà pensent le monde de demain, et que souvent les solutions sont envisagées collectivement. A l’échelle d’une ferme, d’une ville, d’une grande ville urbaine. Cela redonne de l’espoir, et cela invite à se bouger soi-même.

Pour en savoir plus sur les projections à venir, ou si vous souhaitez organiser une projection du film dans votre ville, dans votre collège ou tout autre lieu, voici le site web:

https://www.demain-lefilm.com/le-film

Le site est accessible aussi en anglais: https://www.demain-lefilm.com/en/film

 

 

 

 

Humeur

Et si je décidais d’écrire, en plus de mes petits instants volés sur des sujets d’actualité, sur des sujets brûlants que sont l’écologie, les nouvelles initiatives en matière d’environnement, nouveaux matériaux, nouveaux états d’esprits ?

Le monde est en train de changer, et nous avec, et il faut prendre la mesure de ce changement. Il y a d’un côté ceux, tentés par les nationalismes et le retour au passé, parce qu’ils craignent ce monde mouvant sous leurs pieds, et leurs certitudes du siècle passé ébranlées. Et de l’autre, il y a ceux, qui prennent la vague. Ceux, qui eux aussi, ont un peu peur de ce monde en constante évolution, mais qui décident de prendre un surf, et de surfer sur la vague. Ok, ça bouge ! Alors bougeons avec ! Et l’incertitude que je vis actuellement pourra peut-être se transformer en opportunité demain, si je décide que le changement est positif, et non pas quelque chose d’effrayant contre lequel il faut se barricader.

Dans son essence même, la vie est changement. Donc n’ayons pas peur du changement, et essayons de voir plus loin, d’aller au devant du changement. Ou alors, soyons-en les chantres pour pouvoir mieux imaginer demain, pour pouvoir se projeter dans le futur, et si ce n’est maîtriser le changement, peut-être un peu l’orienter, afin que le monde soit toujours un lieu favorable pour les êtres humains.

C’est pourquoi, je voudrais consacrer quelques articles aux nouvelles initiatives écologiques, environnementales, nouvelles expériences, nouvelles mentalités, etc… C’est comme si à l’aube d’une catastrophe écologique certaine- comme si le chronomètre de la fin avait été mis en route-, il y avait une effervescence des esprits incroyable, et Facebook  entre autres se fait l’écho de ces nouvelles tendances avec les vidéos et articles sur toutes ces maisons écologiques, serres écologiques, bennes à déchets écologiques, machines écologiques, barrières dans l’océan pour lutter contre les déchets, etc….

Je veux donc aussi me faire l’écho de ces belles initiatives dans ce blog.

A bientôt !

La banalité ou la poésie du quotidien ?

 

 

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Regarder avec un oeil nouveau la banalité du quotidien. Banalité ? Et si avec ce nouvel oeil, la banalité se commuait en petit miracle. Le miracle du quotidien. Le miracle du jour qui se lève, des mille et une choses à faire, que je-tu-nous-vous allez faire sensiblement de la même manière, et parfois à peu près aux mêmes horaires, mais qui vues, sous un angle nouveau, ne sont plus des corvées, des bonnes ou mauvaises obligations, mais des petites joies, des petites grâces, et que l’on a juste envie de dire Merci. Merci à la vie, merci d’être vivant, et merci de pouvoir faire facilement ces corvées du quotidien.

Voir le verre à moitié plein ou à moitié vide ? C’est un peu cela de ce qu’il s’agit. Ne pas s’intéresser qu’à ce qu’on a pas, ou à ce qu’on voudrait avoir, ce qu’on voudrait faire, grandir, etc… dans cette projection du lendemain, du futur, qui est bénéfique jusqu’à un certain point, mais aussi s’intéresser à ce qu’il y a dans le verre à moitié plein. A ces petites choses qui sont là, mais qu’on ne regarde même plus, parce qu’elles font partie de notre quotidien, et qu’on ne les voit plus. Parfois, ce sont des choses, parfois ce sont des êtres. Et c’est quand ces choses et ces êtres nous quittent, tout d’un coup, on s’aperçoit qu’ils nous manquent, et on s’aperçoit alors qu’on les avait négligés, qu’on ne les voyait plus, habitués que nous étions à leur compagnie.

Un exemple tout simple comme par exemple l’électricité ou l’eau du robinet. Une panne d’électricité en plein hiver ici, et c’est la panique, et c’est les bougies- mais où sont les bougies ? Tu les as vues ?-, et c’est l’impossibilité de travailler-ordinateur oblige, et cela devient un événement en soi. Alors que lorsqu’on séjourne quelque temps en Inde ou en Afrique, dans certaines régions, on a pas l’électricité de telle heure à telle heure, ou ça peut couper inopinément, et on fait avec. On apprend à faire avec. Sans même parler du problème de l’eau, que l’on trouve pas aussi aisément, comme ici en Europe. Et à ce moment-là, on réalise que ce qu’on considère pour acquis ici ne l’est pas ailleurs, et que c’est un privilège d’avoir ces choses, qui fonctionnent aussi bien.

Ce qui est banal ici ne l’est pas là-bas. Ce qui est banal pour l’un ne l’est pas pour l’autre. C’est intéressant de reconsidérer des choses qu’on a ou qu’on fait dans l’habitude du quotidien, car en y posant dessus un autre regard, d’autres choses surgissent, d’autres choses se révèlent. Comme un poteau des prés, devant lequel on passe mille et mille et une fois, sans y prêter plus attention que ça, et lorsqu’un jour, on le regarde autrement, on peut y voir la note de poésie qu’il apporte en délimitant le pré. Et le lierre qui le ravage l’habille aussi, le coiffe, et tout d’un coup, ce poteau est une poésie en soi.

Etre mal accueilli

Imaginez: on vous a invité, vous êtes reçu dans de la famille éloignée dans un pays, dans une ville que vous visitez pendant quatre jours, dans une très belle maison avec piscine, dans une résidence de riches. Vous avez votre chambre avec votre propre salle de bain, on vous offre un bon petit déjeuner traditionnel. Seriez vous reconnaissant de cette hospitalité ? Qui ne le serait pas normalement ? Mais ce qui vous reste de ce temps-passé là dans cette belle demeure, avec ces hôtes-là, ce n’est pas ça du tout, mais bien plutôt le sentiment d’avoir été attrapé et coincé dans une cage dorée.

Pourquoi ça ? Tout ça, parce que les hôtes en question ne vous reçoivent pas avec tout leur coeur, ou parce qu’ils n’ont pas su dire non, ou parce qu’ils sont en pleine contradiction, et cela se sent, et cela se voit. Et qu’on a l’impression qu’ils se disent: combien ça va me coûter ?  Quand est-ce qu’ils vont s’en aller ? Non, attention à la lumière ! Non, pas trop de chauffage ! Tu te rends compte ici, ça coûte cher ! Non, pas cette confiture, pas ces oeufs, pas ce vin ! Non, tu ne peux pas entrer dans la cuisine, tu comprends, elle est trop petite ! Et puis, il y a la bonne, tu sais , elle est grosse, elle prend toute la place ! Oui, tu peux faire du yoga, mais 15 minutes, pas plus, et pas ici, mais là.

Et cela peut virer à la schizophrénie ! Quand dans le couple d’hôtes, l’un est vraiment accueillant, et l’autre non. L’un ouvre la porte de sa maison, l’autre la referme en claquant. L’un vous met du chauffage dans votre chambre, l’autre passe et l’éteint. L’un vous offre du vin, l’autre vous sert de la piquette, et les exemples peuvent se multiplier ainsi, et vu de loin, c’est même assez drôle. Un peu moins à vivre cependant !

Tout finit par avoir un goût amer. Un mauvais accueil peut vous rendre ingrat. Le seul souvenir de ce temps passé-là est un moment que l’on veut oublier. Le fait d’avoir été mal accueilli vous donne l’impression de ne pas avoir été accueilli.

Rien à voir en tout cas avec l’accueil qu’on peut recevoir parfois en voyage, lorsqu’on est reçu à l’improviste dans une petite famille au bout du monde, qui vous prête son toit ou sa table le temps d’une nuit, pour vous sauver de la tempête qui vient de surgir inopinément. Et le partage d’une bonne soupe sous un toit de fortune devient la plus belle des choses qui soit ! Et tout cela aussi parce que c’est fait avec le coeur !

Parfois finalement, la qualité de l’accueil compte plus que le lieu où l’on est accueilli ! Qu’importe la belle maison, les belles chambres, si l’on ne peut se déplacer sans avoir peur de casser quelque chose, sans se sentir à l’aise, et surtout, sans sentir que sa présence est désirée en ce lieu ! Cela laisse une très mauvaise sensation à la/les personne (s) ‘invitée’ (s). Cela a presque à voir avec l’amour ou l’absence d’amour ! Accueillir avec le coeur, c’est aimer d’une certaine manière. Quand le coeur n’est pas là, cela peut créer beaucoup de dépit chez la personne qui est mal reçue, et même une certaine forme d’ingratitude. Comme l’accueil n’est pas sincère, le temps réel passé et l’hospitalité reçue dans ce lieu finissent par ‘compter pour du beurre ‘.

La mort, une effraction

La mort entre souvent dans nos vies par effraction. Brutalement. Comme une voleuse. Qu’il s’agisse de la mort de nos proches, ou même la mort de moins proches.

Comme cette jeune femme croisée à plusieurs reprises dans le cadre d’activités professionnelles. Une jeune femme au bonheur insolent, joyeuse, en bonne santé, et qui avait jusque là bien mené sa vie : une vie professionnelle riche, une jolie famille avec trois enfants, amoureuse de son mari, appréciée par ses amis, ses voisins, douée pour l’art de la poterie, en un mot douée pour la vie. Lumineuse. Presque arrogante de bonheur.

Et puis un mot. ‘Maladie orpheline’. Qui tombe un jour, comme ça, du jour au lendemain. Et tout d’un coup, le corps qui ne répond plus aussi bien. Le cœur, qui dit-on se met à grossir étrangement, comme le poumon-nénuphar de Chloé dans l’Ecume des jours. Et six mois après, la mort l’emporte. Laissant un grand vide derrière elle, un grand déséquilibre dans sa petite famille, et beaucoup de stupeur parmi ses proches et ses moins proches.

Comment la vie peut t’elle nous être reprise aussi vite qu’elle nous est donnée ?
Un jour, on ouvre les yeux : on est vivant, et commence le long apprentissage de la vie. Un jour aussi, on ferme les yeux, mais de ce jour là, on n’en est rarement maître, et tant que la maladie ne nous a pas vraiment atteint ou si peu, on peut presque se croire ‘immortel’. La mort repoussée ‘aux calendes grecques’. On croit avoir tant d’années, tant de temps devant soi…

Et puis, tout d’un coup, la mort frappe comme ça, brutalement, quelqu’un qu’on a peu connu, mais qui était ‘l’image du bonheur’, l’image de la femme épanouie dans sa vie. Une femme un peu agaçante parfois, comme tous ceux qui sont doués pour la vie, qui ont cette confiance incroyable en eux-mêmes et en la vie, ce qui leur donne d’ailleurs la capacité de tout réussir. Mais l’on ne peut s’empêcher de penser que c’est injuste. Pourquoi elle ? Pourquoi à 43 ans ? Pourquoi cette personne lumineuse et créative ? Et pourquoi pas ?

La mort est inexplicable. Elle est comme un rocher qui vous tombe dessus. Dure. Abrupte. Mais parfois, plus encore pour ceux qui la vivent par contre coup. Qui doivent surmonter la disparition de la personne décédée. Se reconstruire. Retrouver un nouvel équilibre. Faire avec ou plutôt sans. Combler le, les vides.

Surmonter le deuil, et se projeter à nouveau dans la vie sans l’autre. Sans celui ou celle qui a fait partie de notre vie. Réapprendre à vivre seul(e), c’est comme réapprendre à marcher. Lorsqu’on a vécu quelques années ou de nombreuses années à deux, il faut ré-apprivoiser son ‘Un’. Pour le meilleur et pour le pire. Souvent d’ailleurs, pour le meilleur. Comme si celui-ci s’était parfois un peu trop dilué dans le ‘Deux’.

La mort, une effraction. La mort de cette jeune femme, que j’ai peu connue, mais dont la nouvelle de la mort m’a frappé de stupeur. Réactivant sans doute une autre mort, un autre deuil, proche celui-là. La mort, qu’on trouve toujours injuste. Comme si on nous avait retiré la meilleure partie de nous-mêmes.

Et qui réveille en moi la petite fille colérique qui tapait du pied dans les cartons, lorsqu’elle n’avait pas ce qu’elle voulait. On ne peut pas taper du pied dans la mort comme dans un carton. On peut ‘rager’ certes devant cet incroyable mystère, mais on est obligé de ‘faire avec’. Faire avec l’absence. Faire avec la mort, comme on fait tous les jours avec la vie, qui n’est pas toujours ‘un long fleuve tranquille’, ni une partie de plaisir.

Ces poissons qui volent

Ballon ancien-image du net

Ballon ancien-image du net


Image du net

Image du net

Ces deux images qui n’ont pourtant rien à voir l’une avec l’autre ont en commun qu’elles titillent l’imagination, qu’elles sont porteuses d’imaginaires. Des récits pourraient naître à partir de ces images.

Vingt mille lieues dans les airs

L’une, ballon gonflable ancien à la structure ailée, fait penser à un poisson aérien, survolant un paysage de montagnes-ballon espion, ballon météorologique ?- dans une atmosphère un peu fantastique. C’est la magie de l’instantané vieilli qui lui donne ce caractère quasi irréel, et mystérieux. Il y a quelque chose des représentations futuristes de Jules Vernes, qui auraient trouvé là leur incarnation. Ce n’est pas vingt mille lieues sous les mers, mais vingt mille lieues dans les airs. Qui sait ? Peut-être que le ballon cache en son sein un capitaine Némo un peu fou, extravagant et tyrannique ?

Un poisson volant

L’autre aussi saisit un instant assez irréel ou surréel du présent. Insolite. Improbable. Quand un premier miracle a lieu, un rapace vole un poisson – une truite d’un bassin d’aquarium ?-, et que ô second miracle, le photographe parvient à capter ce moment là. Quand deux ‘improbabilités’ se rencontrent dans le même cliché. Cela est renforcé aussi par le mouvement capté dans l’image : sur le flou de l’arrière-plan, sur la façade se détache clairement le rapace en plein vol, ses serres tenaillant le poisson rouge, qui, lui semble d’une impassibilité totale. Quand les poissons volent…

La vie rêveuse ou la vie hyper réelle

Ces petites choses de la vie qui arrivent, qui bouleversent un peu le cours des événements, nous surprenant, nous réveillant en quelque sorte d’un quotidien routinier et qui, l’espace d’un instant nous font voir les choses autrement. Un peu comme si nous sortions d’un rêve, ou comme si nous entrions dans une autre dimension. Ces petits imprévus qui donnent tout le suc à la vie.

Le lapin d’Alice

Le lapin d'Alice, image trouvée sur Facebook

Le lapin d’Alice, image trouvée sur Facebook

Il y a des images qui vous poursuivent, ou qui se sont incrustées en vous si profondément dans vos lectures d’enfant, qu’elles resurgissent à un moment donné ou à un autre dans votre vie d’adulte. Tel le lapin blanc et sa montre courant contre le temps dans cet album d’Alice au Pays des Merveilles, que j’avais. Album quasi incompréhensible, car l’adaptation était plus que raccourcie, et c’était en fait un résumé du livre où l’on voyait Alice dans des situations étranges et incompréhensibles, mais sans aucun lien entre elles. Cet album-rébus malgré tout a mis à l’épreuve ma curiosité d’enfant, et ce qu’il m’en est resté, plus qu’une histoire avec un sens, ce sont des images. Des images fortes. Porteuses de sens, rétrospectivement.

Comme le lapin d’Alice. Ce lapin et sa montre, métaphore du temps qui passe ou métaphore de la vie. Ce lapin peu sympathique que l’on poursuit dans un terrier, et qui d’aventure en mésaventure nous emmène plus loin, toujours plus loin. Ce lapin toujours pressé, qui fait ou qui dit des choses incompréhensibles, c’est un peu le cours de la vie même, qui nous porte, qui nous emporte, qui nous fait vivre parfois des choses surprenantes, imprévues, illogiques, et qui fait le charme de la vie même ! Cette part d’imprévu que chaque jour peut contenir pour le meilleur ou pour le pire. Cette course contre le temps, qui va bien plus vite que nous. Inéluctablement.

Le lapin d’Alice, ou l’image intrigante, curieuse, où le sens ne se donne pas d’emblée- mais un lapin, ce n’est pas habillé comme ça !, mais un lapin, ça n’a pas de montre !- toute cette part d’absurde et de fantaisie qu’elle contient, avec la multiplicité de ses lectures possibles est un défi pour l’esprit, pour l’imagination, et une petite pierre dans la construction de son propre édifice, de son propre imaginaire-univers.

Le lapin d’Alice, ce n’est pas une madeleine de Proust, c’est plutôt une petite lumière qui s’allume dans la tête, un pétillement des yeux, un Eurêka ! , une étincelle de l’esprit, comme une petite porte qui s’ouvre en soi, une nouvelle façon de faire, de voir les choses, un hymne à la nouveauté et à l’intelligence, un délire de mathématicien ou de musicien ! Quand l’abstraction devient émotion ! Quand l’image nous nourrit et nous féconde.

 

Un article intéressant à découvrir sur Le lapin blanc, et ce que cela représente sur : popenstock : http://popenstock.ca/dossier/article/le-saut-hors-de-la-matrice-la-poursuite-du-lapin-blanc