Quelques images d’arbres ou de leur ombre, ces amis, qui nous veulent du bien.
Vivre à la campagne dans cette région jurassienne, c’est être entourée d’arbres. C’est une région particulièrement boisée, où les bois sont denses et feuillus, et d’une année sur l’autre, on voit les arbres grignoter l’espace des prés verts, comme si inlassablement, la nature creusait son sillon, et reprenait ses droits sur les espaces travaillés par l’homme. Parfois, en regardant un certain bois, je me dis: « Tiens, il a fait un pas en avant. », comme si la masse boisée s’était avancée d’un coup d’un mètre, et menaçait sérieusement la grande étendue verte à ses pieds.
J’aime la force tranquille de l’arbre, qui est là, comme une présence rassurante, parfois menaçante aussi, comme un témoin discret de nos vies, quand ils sont proches de nous. Parfois, je les regarde sans les regarder, comme s’ils étaient là pour l’éternité, habituée à leur présence, à leur ombre, ou à la lumière, qui traverse leur feuillage, alors, qu’ils sont comme nous fragiles et mortels, et que les uns et les autres sommes interdépendants. » Si tu prends bien soin de moi, je prendrai bien soin de toi. »
Je pense toujours regarder les arbres, et souvent, ils se retrouvent sur mes photos, quelque soit où je vais- l’arbre et sa puissance tranquille me fascine, mais, et si les arbres nous regardaient ? Nous voyons toujours le monde à partir de là où nous sommes, à partir de notre point de vue d’humain, mais si dans le grand paysage de la vie, nous étions bien plus minuscules, que ce que nous pensions être, et que cette nature sauvage ou civilisée, qui nous entoure avait son mot à dire ? Ou, qu’elle nous regardait nous démener, comme de petites fourmis à l’inlassable activité, et que c’était elle, qui menait la danse ? Peut-être ici, en tout cas, pas dans certaines régions du globe, où l’arbre et la nature sont en grand danger.
Notre passage sur terre en tant qu’être humain est bien plus bref que la vie d’un arbre, ces témoins muets de nos existences, mais qui sait, si on leur donnait la parole, auraient-ils des choses à nous raconter ? Des choses vues, expérimentées, des bonheurs, des désespoirs, des modes d’habillement, des coutumes nouvelles, voir les gens se déplacer en charrette, à pied, en vélo, puis en voiture… Etc.
En attendant de pouvoir écouter la parole d’un arbre, je me contente de le regarder, et d’imaginer tout ce qu’il aurait à me dire. De le serrer dans mes bras aussi, comme pour récupérer un peu de cette force de vie naturelle, de cette sève, qui coule dans son tronc, et qui passe un peu dans le mien. Il y a quelque chose de très rassérénant de prendre un arbre dans ses bras- sentir aussi la force de l’arbre circuler, sentir la peau sèche de son écorce sous ses mains, avoir le visage un peu éraflé par une branche qui dépasse, ou par l’appui un peu rêche que sa tête a trouvé contre le tronc, et de se dire, que quelque soit les événements de nos vie-heureux ou malheureux- on peut toujours compter sur la présence et la force tranquille de ces amis qui nous veulent du bien.