‘Anne, ma sœur Anne, ne vois tu rien venir ?

Cette petite brunette d’environ sept-huit ans, qui regarde le paysage d’un balcon en fer forgé, c’est elle, c’est moi, ce sont toutes les petites filles d’hier, d’aujourd’hui, et  de demain. ‘Anne, ma sœur Anne, ne vois tu rien venir ?’

Que fait-on sur un balcon ? On voit, on se fait voir, on attend, on contemple, on rêve, on projette, on fantasme, on complote, on espère, on se désespère…

Toutes ces scènes de balcon dans la littérature d’antan, où souvent des femmes, privées de  ou d’une partie de liberté de mouvement, chaperonnées, ou surveillées de près par un Harpagon soupirent après un Léandre ou un jeune officier de la garde, ou rêvent de cet inaccessible lointain. Condamnées à regarder les hommes actifs. Condamnées à rêver à ce qu’elles pourraient faire, si elles avaient la liberté, toute la liberté de faire ce qu’elles voulaient. Etudier, travailler, agir dans le monde, et non plus seulement le regarder de loin.

On oublie parfois cette incroyable chance, ce droit que nous avons gagné chèrement, cette liberté que nous avons aujourd’hui dans nos sociétés occidentales de pouvoir agir dans le monde, et ne plus seulement regarder le monde du haut d’un balcon. Tout n’est pas facile, loin de là. Mais quand on pense à toutes ces intelligences, à tous ces génies ou talents brimés pendant des siècles, à toutes ces âmes condamnées à des rôles limités dans leurs sociétés, étant liés au degré de liberté ou de contrainte  de la classe sociale auxquelles elles appartenaient :‘Sois belle, et tais toi’, ‘Travaille et tais toi’, ‘Subis et tais toi’, ‘Marie toi et tais toi’, on se dit que certes ce n’est pas drôle tous les jours aujourd’hui d’endosser les multiples rôles qu’on veut ou qu’on doit endosser, mais quelle chance de faire partie du monde !

D’en être partie prenante. Agir sur lui, même à un tout petit niveau. Etre dans l’action, et ne plus être seulement cet être qui regarde, qui attend, qui subit, qui ruse aussi pour faire face à ces multiples contraintes et absences de liberté ou de droits. Il en a fallu déployer des trésors de ruse à ces femmes pour obtenir des choses, ou des espaces auxquelles elles n’avaient pas  droit. Il n’y a pas si longtemps, rétrospectivement.

Et malheureusement, dans certaines parties du monde, c’est encore le cas pour de nombreuses femmes. Au nom de la religion, au nom de croyances, de superstitions. Au nom du père, et de toute la chaîne patriarcale. Quand le corps de la femme ne lui appartient plus. Quand il appartient au père, au frère, au mari, à la famille du mari, etc… Tous ces crimes contre les femmes en Inde et dans  d’autres parties du monde, où le patriarcat règne, où la valeur d’une femme est bien inférieure à celle d’un homme, où tuer un bébé féminin est courant, où certaines jeunes femmes sont répudiées, tuées parce qu’elles sont stériles, ou qu’elles ne mettent au monde que des filles.

‘Naître de la côte d’Adam’. Quand on y pense, cette petite phrase en aura fait du mal pendant des siècles et des siècles. Quand le livre saint, et pas seulement celui-là  proclame l’inégalité entre les sexes, l’inégalité entre les genres. Quand une petite phrase condamne la moitié du genre humain à un rôle inférieur !  Et les conséquences ensuite que cela a pu avoir sur les sociétés ! Et sur les mentalités !

‘Anne, ma sœur Anne, entends tu tous les cris des femmes mortes, bafouées, tuées, vilipendées, violées, appelées sorcières ou putains, servantes retroussées, maîtresses de maison humiliées, femmes brimées, victimes de tant d’autres calamités ? ‘

‘Anne, ma sœur Anne, ne vois tu rien venir ?’

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Joie

BallonsQuand le vent s’engouffre en vous, vous soulève, et vous maintient dans un état d’apesanteur !. Comme si un orchestre se mettait instantanément en branle, et que votre corps jouait de tous les instruments ! Les yeux mandoline, les joues banjo, le coeur percussion, le buste guitare, les jambes violon… Quand vous devenez vibration. Avec les êtres, avec la nature, avec les animaux… Si vous étiez un mets de cuisine, vous seriez un soufflé, une petite merveille d’oeufs et de fromage, mais un soufflé qui ne se dégonfle pas…

Quand la joie vous visite, et s’invite en vous, vous voudriez lui dire à ce sentiment : ‘Bienvenue ! et surtout, reste un peu mon beau ! Non, pas une  nuit seulement ! Non pas comme un amoureux volage ! Non, pas comme un visiteur du soir ! Bienvenue, et installe toi dans mon petit ‘chez-moi’ ! Je peux te faire la visite du propriétaire si tu veux !’  Mais la joie, comme toutes les couleurs de l’humeur n’est pas un oiseau qu’on encage, mais une merveille de versatilité, une Barbapapa, un nuage de sucre, un vent, ou une grande bourrasque qui vous soulève et vous emporte, et qui une fois envolée vous fait retomber brutalement sur le sol ! Préparez le parachute pour amortir la chute ! Avoir toujours sur soi son petit parachute anti tristesse, anti coups de blues !

Accueillir la joie en soi, mais aussi toutes les autres émotions, humeurs quand elles surviennent ! Après tout, nous ne sommes que des pages blanches traversées par ces écritures échevelées, par ces vents contraires, et comme l’arbre, il nous faut être bien enraciné pour ne pas être ébranlé par les trop grandes tempêtes, qu’elles soient de joie ou de tristesse. Comme un marin, garder le cap, viser le Nord, et ne pas se perdre en route ! Aller de l’avant, droit devant, car de toutes façons, nous sommes attendus au bout du chemin. Pas de retour en arrière possible ! Vivre son présent, et aller vers son futur droit devant !

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